samedi 10 octobre 2009

la grippe et l'état : copié collé... à propager!!!

La grippe et l'état

Un "Guest Post" signé par le Docteur Patrick de Casanove,
médecin, secrétaire général du cercle Frédéric Bastiat

Alors que l'épidémie de Grippe tant attendue semble disparaitre du radar des médias, le Docteur de Casanove réagit à l'intrusion de l'état dans ce qui aurait du rester un problème de santé géré par les professionnels de santé. Pourquoi l'état a-t-il voulu se mêler du traitement de cette grippe somme toute ordinaire ?

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Virus grippe La grippe saisonnière sévit chaque année en France. Elle infecte plusieurs millions de personnes et en tue des milliers. L’Etat ne s’en est jamais ému. Les personnels de santé ont, depuis des décennies, l’habitude de prendre en charge la grippe saisonnière. Ils n’ont pas démérité. Il est logique d’en déduire que les professionnels étaient à même de faire face à la situation crée par la grippe A H1N1. Les soins auraient été prodigués, les mesures de prévention mises en place et expliquées, le vaccin mis au point dans le calme, cela sans difficulté ni intervention de l’Etat. Il en est ainsi chaque année pour la grippe saisonnière, il n’y a pas de raison qu’il en soit différemment avec cette grippe dont la virulence n'a rien d'exceptionnel. La confiance face à la maladie aurait perduré. Ce ne sera pas le cas à cause de l’intervention de l’Etat.

L'état médecin: Knock ou Diafoirus ?

En effet, aujourd’hui l’Etat prend en charge directement une campagne dans tous les domaines, contre la grippe A H1N1. De son propre chef il devient le grand patron face à cette épidémie. L’Etat dit aux professionnels ce qu’ils doivent faire. L’Etat s'estime donc plus compétent que les professionnels concernés. Heureusement ces derniers ne l’ont pas attendu pour faire leur métier.

Il n’est pas question, bien évidemment, de dire que cette épidémie ne doit pas être prise en charge. La réflexion porte sur l’attitude de l’Etat . A propos d’une épidémie de grippe moins meurtrière que la saisonnière, nos gouvernants sèment la panique. Tout en reconnaissant la bénignité de la maladie, ils affolent les gens. Pourquoi ?

Pourquoi une telle intrusion de l'état ?

Le précédent de la grippe aviaire incite à la perplexité.

Il y a les explications officielles : la protection des populations, le sacro saint principe de précaution, l’inévitable intérêt général.

Les français dans leur majorité ne sont pas dupes. Mais, contrairement à ce que croit le commun des mortels, ce ne sont pas seulement les "grands laboratoires pharmaceutiques", éternels méchants de la fable, ni les "industriels capitalistes" qui en profitent.

Les raisons de cet emballement de l’état sont à chercher ailleurs : Il ne doit y avoir aucune limite à l’intervention des hommes de l’Etat !

L’Etat, qui se dit "providence", a une propension naturelle et un intérêt bien compris à se mêler de tout et à s’étendre sans fin. Cette volonté d’extension tentaculaire trouve ici un prétexte humanitaire et de santé pour franchir un nouveau pas. L’Etat est hégémonique par essence, quand il ne tend pas à devenir tout simplement totalitaire. Il est centralisateur, il ne saurait souffrir que "la base" des gens, la société civile, fasse mieux que lui. Cela tendrait à démontrer son inutilité dans biens d’autres domaines où il intervient de façon tout aussi mal-à-propos. Il doit donc s’imposer et toutes les initiatives doivent venir du sommet. Tout ce qui est grand et planifié est beau, juste, efficace et doit seul exister partout. Dans son idéal, rien ne peut, ni ne doit, lui échapper.

On pourrait dire que, l'Etat étant ce qu'il est, faire un peu de prévention n'est pas ce qu'il fait de pire. Cet argument pourrait être utilisé dans tous les domaines. C’est un piège. Ce n’est pas à lui de le faire. Il faut savoir l’arrêter car seul il ne s’arrêtera jamais. Il commence avec une intervention simple, minime et consensuelle. C’est indolore, c’est "la main douce". Personne ne s’y oppose, n’y fait attention, beaucoup approuvent. Une fois la brèche faite, il s’y engouffre et s’étend sans limite. Il manœuvre toujours ainsi dans tous les domaines : libertés individuelles, droit de propriété, prélèvements fiscaux etc. Quand arrive la "main dure", il est trop tard !

Les hommes de l’Etat aiment le pouvoir, qu’ils rêvent absolu :

"Le préteur ne s’occupe pas des petites affaires", disaient les Romains. Cela n’intéresse pas nos puissants. Au contraire, ils jouissent du pouvoir qu’ils ont sur la vie des hommes. Les hommes de l'Etat mesurent leur pouvoir à leur capacité à intervenir dans des domaines de plus en plus intimes de la vie des gens. La santé fait partie de ces domaines là.

Est-ce bien le rôle de l’Etat de donner des consignes aussi précises que la manière dont il faut se laver les mains, éternuer, se comporter en collectivité ? Si elles sont utiles, les professionnels de santé les donneront spontanément. Elles seront personnalisées et ne tomberont pas dans l’excès. Ce n’est pas le cas des consignes étatiques : elles sont collectives, indifférenciées, globales, par là-même excessives.

Si l’Etat est obéi, il se rend indispensable. Il devient le référent naturel vers lequel se tournent les gens, le "privé" ayant été disqualifié. Il crée une habitude. Ce faisant il s’assure une emprise sur les populations. Il commence à distiller ses consignes pour des choses petites, banales, simples, peu contestables. Peu à peu les esprits sont dominés, formatés et prêts pour autre chose. Il n’y a et il n’y aura plus de résistance. Les habitants sont conditionnés, la prochaine fois ils obéiront sans discuter à d’autres consignes, peut être plus délétères.

L’Etat a besoin d’un ennemi extérieur :

En cas de difficulté intérieure, rien ne vaut un "bon ennemi" extérieur. Sur le front intérieur l’Etat a mis la France en faillite. La dette est écrasante, le déficit abyssal. La Sécu et les retraites n’en finissent pas de s’écrouler. Les prélèvements obligatoires croissent sans cesse, au point de devenir confiscatoires. Le chômage s’envole, l’emploi des jeunes s’effondre, le pouvoir d’achat fond. Ses initiatives tournent au cafouillage, à la débâcle.

Mais voici qu’à l’horizon mexicain apparaît la grippe, d’abord dite porcine puis A H1N1. Enfin un bon ennemi, bien identifié. On va voir ce qu’on va voir, ça va chauffer ! L’Etat va pouvoir faire étalage de tout son talent. La patrie est en danger, il appelle le ban et l’arrière ban de ses affidés et alliés. En plus la cause est noble et généreuse : sauver les Français du méchant virus H1N1 ! Heureusement que l’Etat est là. Comme disent nos patients, "quand on parle de la grippe on ne parle pas d’autre chose".

L’Etat vit de la peur :

Parce que la peur est un moyen de gouvernement. L’Etat crée, instille, favorise et joue avec la peur. Les populations effrayées se resserrent autour de l’Etat protecteur. Les résistances et préventions s’effondrent devant la peur. La peur permet tous les débordements, autorise toutes les lâchetés. Les gens oublient les difficultés que l’Etat a créées : sang contaminé, déficit, dette, crise, chômage, affaires troubles, appauvrissement. Ils ne se posent plus la question de savoir comment l’Etat qui flétrit puis détruit tout ce qu’il touche, et dont les politiques se soldent par d’innombrables échecs, serait tout à coup capable de faire des miracles.

Quand l’Etat se mêle d’un sujet, la catastrophe n'est jamais loin. Comment donc cet Etat pourrait il être performant dans la lutte contre la grippe ? Par la peur, l’Etat fait oublier ses échecs. Pour, dit il, les protéger du danger, il entre un peu plus dans la vie des gens. C’est pour lui un alibi à une intrusion encore plus grande dans le domaine privé. Les gens qui n’ont pas peur sont libres, ceux qui vivent dans la peur sont soumis.

L’Etat doit prouver son utilité :

Pour prouver son utilité, alors qu’il se sait si médiocre, il doit éliminer ses concurrents. L’Etat doit "agir" et "s’imposer", parce que si par malheur pour lui, les gens réalisaient qu’ils peuvent fonctionner fort bien, et même mieux, sans lui, son inutilité deviendrait flagrante. Alors les yeux s’ouvriraient ! Il va donc chercher à marginaliser les professionnels de santé dans ce dossier, tout en leur faisant croire le contraire. Les professionnels de santé sont pourtant les mieux à même d’assurer et mettre en place spontanément les mesures nécessaires. C’est leur métier. Ils en ont l’habitude. Ils font cela depuis longtemps.

En quoi un fonctionnaire, un ministre serait il plus performant qu'un professionnel aguerri ? Bien sûr il y a des "experts" qui "conseillent" les politiques. Mais la fonction de ces experts, et leur avenir, sont tributaires de la satisfaction de leur patron. Leur rôle même n’existe que parce qu’il y a un problème. Aucun ne peut se permettre de dire qu’il n’y en a pas. S’il n’y en a pas il n’y a pas d’expert. Tous ceux qui profitent de la situation sont dans le même cas. A bon entendeur salut.

L’Etat providence veut montrer aux citoyens qu’ils peuvent croire en lui. Il est aux commandes et va les sauver. Il prouve qu’il existe et qu'il est utile. Il avait bien besoin de la grippe H1N1 poue redorer son blason ! Après avoir arrêté le nuage de Tchernobyl sur la frontière, sauvé la planète du réchauffement climatique, sauvé le monde de la crise financière, éclairé le G20 de ses lumières, et donné aux français cette Sécu au merveilleux rapport qualité prix, il vainc le H1N1. Mesdames, messieurs, applaudissez !

L’Etat ne peut se prétendre utile que s’il fait table rase de ce qui existait avant lui, en l’occurrence la prise en charge directe, normale, des épidémies saisonnières de grippe par les personnels de santé. L’Etat ne se bâtit que sur la ruine de la société civile: l'état est destructeur.

L’Etat se sert de la grippe comme il se sert du prétendu « réchauffement climatique », de la crise, du chômage, de la dette, du déficit, du transport routier, des cigarettes, des chiens mordants, de la publicité à la télévision, des jeunes dans les cages d’escalier, des photos retouchées, etc. pour intervenir de plus en plus dans la vie privée des gens, porter atteinte à leur liberté, encadrer leur existence selon ses normes, ses préjugés...

Les Hommes de l’Etat en tirent profit. Pas les français.

Paraphrasant Turgot, ils pourraient crier "laissez nous faire !" Par leurs actions libres et la multitude des interactions ainsi créées, "les gens", "la base","les individus" résoudront les difficultés qui se présentent à eux. Ils créeront croissance, "harmonies économiques" et harmonies sociales, comme l’a dit Frédéric Bastiat.

L’Etat est le fossoyeur de ces harmonies.
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© 2009 - Dr. Patrick de Casanove

Ps. Voir également l'analyse du docteur R. Cantor sur le site de l'Institut Hayek.

Avertissement : Naturellement, il convient à chacun de se faire une idée auprès de sources multiples, et le présent article ne saurait en aucun cas être considéré comme un conseil d'objectif liberté, dont l'auteur n'est pas médecin, quant à la ligne de conduite que chacun peut choisir d'adopter face au risque de contracter la maladie.
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