lundi 23 novembre 2015

PROTOCOLE INTERNATIONAL DE GUÉRISON POST-TRAUMATIQUE
par le Dr. Clarissa Pinkola Estés
Rendre le terrorisme inefficace(dans son but de terroriser les populations, vous et moi...
aider les victimes et leurs proches à se reconstruire...
PROTOCOLE INTERNATIONAL DE GUÉRISON POST-TRAUMATIQUE
par le Dr. Clarissa Pinkola Estés
un long texte de Dr. Clarissa Pinkola Estes, mais intéressant! Il est traduit en français après l'introduction en anglais.
11702_10151425216693635_520454335_n.jpg?
Dr. Clarissa Pinkola Estes
Dear Brave Souls: For those whose mother language is French, and not necessarily English, also.
Here is the Post Trauma Recovery Protocol in French. Please pass it to any you feel are in need And bless you and thank you.
We have received several offers for volunteer translators in other languages and truly appreciate it. Wait till you hear from us before you begin, so we dont duplicate, for truly it is a labour of love that takes precious time. We definitely would love to have able volunteer translators.
The team of four experienced translators, los almas valientes who translated into French are:
[They did it in record time and our thanks to them very much]
- Julien DROUET
- Nathalie HUET
- Sandy JULIEN
-Pierre-François HUET
Bless all... our French translators will also distribute via their own French facebook pages, Google+ and by hand, the protocol to French speaking people in need.
With love, and in gratitude- mil gracias mis traductores valientes
dr.e
PROTOCOLE INTERNATIONAL DE GUÉRISON POST-TRAUMATIQUE
par le Dr. Clarissa Pinkola Estés
(Développé et mis à jour de 1967 à 2015, par le Dr Estès pour donner aux citoyens ordinaires, sur le lieu des désastres, une formation suffisante pour reconnaître les aspects post-traumatiques, et leur permettre d’apporter du réconfort et une aide à la guérison à ceux qui viennent de faire l’expérience du choc et de la tragédie. C’est une nécessité humaine primordiale de former les membres de la communauté, qui resteront dans cette communauté pendant les mois et des années qui suivront les événements catastrophiques, bien longtemps après que les sauveteurs qui leur ont apporté les premières réponses seront rentrés chez eux.)
En partenariat avec La Sociedad de Guadalupe para Derechos Humanos, USA
RÉCUPÉRATION ET RÉACTIONS NORMALES AUX CHOCS SOUDAINS, URGENCES, PERTES, BLESSURE ET CATASTROPHES
Chaque individu, en fonction de sa constitution physique et émotionnelle, de l’instant où il se trouve dans son existence, des défis de sa vie quotidienne, de ses traumatismes et luttes précédents, est affecté de façon particulière par les chocs brutaux et les événements catastrophiques.
Les symptômes engendrés par le choc peuvent varier d’une personne à l’autre. Pourtant, chacun progresse vers la guérison et la reconquête de son entièreté – souvent au prix d’une sagesse chèrement payée et, oui, avec des cicatrices et souvent le cœur brisé – mais avec la ferme volonté d’aider ceux qui en ont besoin, par des moyens habituels ou nouveaux.
Il en sera ainsi, durant un certain temps, si vous faites partie du cercle proche, c'est-à-dire si vous êtes un témoin oculaire, un aidant, un membre des premiers secours, une victime, un survivant, si vous avez perdu un proche, ou si une personne que vous aimez est en danger, ou gravement blessée….
Si vous avez été durement frappé par une tragédie soudaine, si vous avez subi une grande peur, un choc, ou si votre cœur pleure le monde tel que vous le connaissiez… Si vous êtes une âme en plein cœur du désastre, un frère, une sœur, un père, un enfant, un grand-parent… Si vous êtes militaire, pompier, soignant, professionnel de l’aide, membre des forces de police, employé du gouvernement, spécialiste des secours, collecteur d’informations, photographe –
si votre cœur, votre esprit ou votre âme sont affectés par une tragédie – si vous avez d’autres types d’interactions très proches, par exemple si vous aidez à distribuer des biens de première nécessité, si vous êtes un fournisseur, un ami, un voisin, un pasteur, un conseiller spirituel… Vous pourrez vraisemblablement éprouver une ou plusieurs des réactions décrites plus bas.
Ces réactions sont normales chez ceux qui font face à un choc soudain lié à des questions de vie et de mort, à de brutaux revirements du destin. Lorsque l’on a été impliqué dans un accident critique, le corps, la conscience et le cœur (ainsi que l’esprit et l’âme comme beaucoup le pensent) sont également frappés.
Cela vient de ce qu’il est toujours choquant de réaliser en pleine conscience, en une fraction de seconde, à quel point la mort peut être proche de nous, et avec quelle soudaineté elle peut faire irruption dans nos vies de façon visible et palpable, si rapidement et bruyamment, parfois si violemment et parfois en silence… Faire l’expérience de cette proximité de la mort, de la destruction et d’effroyables pertes humaines, est terrifiant pour tout être humain doué d’un cœur et d’un esprit, de pensée et d’un corps, ainsi que d’une âme.
RÉACTIONS COMMUNES ET NORMALES
RÉACTIONS PHYSIQUES :
• Troubles du sommeil, y compris l’incapacité à dormir
• Léthargie, parfois causée par un excès de sommeil, des aliments allergènes ou des substances gâtées
• Épuisement, fatigue, sentiment d’angoisse permanent longtemps après la fin de la crise
• Modification de l’appétit, troubles digestifs
• Sensation d’engourdissement
• Crises de larmes, parfois sans réellement savoir pourquoi
• Désir de réconforter et d’être réconforté physiquement
• Cauchemars, terreurs nocturnes
• Pertes de mémoire
• Tremblements, internes et/ou externes
• Nausées
• Arythmie cardiaque
• Douleurs au niveau du cœur, non comme un désordre organique, mais causées par le chagrin
• Douleurs osseuses, non comme un désordre organique, mais causées par le chagrin
• Maux de tête, syndrome pré-migraineux ; migraine
• Augmentation possible des symptômes de diabète ; de conditions de pré-stress, sciatique, crises d’asthme
• Chez les enfants, régression à un stade antérieur de développement
RÉACTIONS COMPORTEMENTALES :
• Hyperactivité
• Difficultés de concentration
• Refus de parler
• Désir de se cacher ou de partir
• Dire tout ce qui vous passe par la tête
• Sursauter sans raison durant la veille ou le sommeil
• Isolation, désir d’être seul
• Rester assis sans rien faire ; regarder dans le vide
• Essayer d’apporter son aide par tous les moyens, jusqu’à l’épuisement
• Refus de quitter le lieu de la catastrophe pour trouver de l’aide ou se mettre à l’abri
• Crise de larmes au moment de s’endormir
• Hyper-vigilance, observation incessante, écoute excessive, incapacité à débrancher
RÉACTIONS PSYCHOLOGIQUES :
• Perte de notion du temps
• Sentiment de détresse, d’impuissance et de solitude
• Sentiment que les choses ne sont pas réelles, qu’elles se déroulent dans un rêve
• Incapacité à se souvenir des séquences ou à retracer ses pas avec précision
• Sentiment que le futur a disparu à jamais
• Désir de réconforter et d’être réconforté psychologiquement
• Sentiment qu’on ne doit pas pleurer
• Envie de crier, ou de hurler et de pleurer
• Incapacité à attacher de l’importance à autre chose qu’à la catastrophe
• Flashbacks
• Cauchemars
• Expression du chagrin par des moyens directs et symboliques
• Pensées intempestives qui provoquent l’anxiété
• Réactions exagérées à des contrariétés mineures à modérées
• Rêves récurrents
• Colère horrifiée
• Cœur brisé
• Insécurité, peur de l’avenir
• Sentiments de peur, justifiés ou injustifiés
• Sentiments de culpabilité
• Impression qu’on ne pourra jamais s’arrêter de pleurer
• Retranchement inhabituel, en se comportant comme si rien ne s’était réellement produit
• Accuser les autres, individuellement ou en tant que groupe ; peut donner lieu à des explosions de colère
• Vive irritation devant le temps qu’il faut pour accomplir chaque chose
• Vive irritation à l’égard des secours, de la bureaucratie, de tous ceux qui essaient d’aider
• Vive irritation envers ceux qui ne tiennent pas leur promesse d’aider, ou qui donnent le sentiment qu’ils ne disent pas la vérité, ou qui sont perçus comme retenant des informations critiques ou ne disant pas tout ce qu’ils savent, ou qui se contentent d’énoncer des platitudes ou font preuve de condescendance
• Fantasmes violents et récurrents
• Épisodes répétés d’angoisse
• Dépression moyenne à profonde
• Amnésie
• Sentiment que personne ne pourra jamais ni comprendre ni aider
• Peur légitime pour sa sécurité
• Se rejouer en boucle les souffrances que l’on a pu voir ou entendre
• Faire des secrets au sujet de ce qu’on aurait pu savoir avant, pendant ou après
• Se sentir responsable
• Profonde angoisse à l’idée d’apprendre encore des nouvelles affreuses
• Aversion pour les films, les spectacles, la télévision, tout ce qui pourrait dépeindre des catastrophes
• Irritabilité à l’idée que d’autres puissent continuer leur vie alors qu’on est toujours en souffrance
• Jugements négatifs sur les activités ou les intérêts des autres qui paraissent irrespectueux de qui on est et des épreuves que l’on traverse
RÉACTIONS SPIRITUELLES :
• Désir de réconforter et d’être réconforté spirituellement
• Remise en question de ses croyances
• Refus d’écouter le moindre conseiller spirituel
• Forte volonté d’écouter un conseiller spirituel
• Sentiment que les entités célestes / un pouvoir supérieur / le Créateur / Dieu / le vrai soi ont abandonné le monde entier
• Sentiment que les entités célestes / un pouvoir supérieur / le Créateur / Dieu / le vrai soi sont très proches
• Désir de concevoir une cérémonie pleine de sens
• Prier sans arrêt, pour soi-même, pour les autres, pour n’importe qui
POUR LES SURVIVANTS : LA DESCENTE DANS LE TRAUMATISME ET LES CHEMINS QUI PERMETTENT D’EN REVENIR
Toutes ces réactions sont normales, bien que la plupart soient synonymes de souffrance. Heureusement, elles ne se manifestent pas toutes en même temps chez une même personne ; il en est également, tel le fait de prier beaucoup plus souvent que d’habitude, qui peuvent apporter un réel soulagement.
Il est important de se souvenir que chaque individu réagit à sa manière afin de demeurer fort face à l’adversité. Certains refuseront de « parler de ça » toute leur vie. C’est ainsi qu’ils pourront préserver leur paix intérieure et continuer à avancer.
Certains extérioriseront en blaguant. Ceux qui pleurent évacuent leurs sentiments de cette manière. Certains vont travailler jusqu’à l’épuisement afin de conserver le contrôle de la situation. D’autres cherchent à être tenus au courant de la moindre évolution, afin d’être prêt à réagir, ce qui leur permet de se sentir maîtres des événements.
D’autres encore ne veulent plus entendre parler de ce qui leur est arrivé, plus jamais, à moins qu’on leur propose des solutions valides – c’est ainsi que chacun s’efforce de conserver ses forces au milieu de la tourmente.
Toutes ces différentes réactions individuelles face au drame doivent dans la mesure du possible être respectées, tout en invitant les personnes à se joindre au groupe s’il existe une meilleure manière de se confronter au présent. Le seul cas dans lequel les comportements personnels doivent être modérés, en proposant à la personne des alternatives dans lesquelles se mouvoir, penser, entendre, ressentir en attitude et en actions, est celui dans lequel la personne pourrait nuire à autrui ou à elle-même.
Traverser les différentes étapes du traumatisme, tenter de les identifier, toutes ou au moins en partie, et trouver ses propres ressources afin d’atténuer la douleur, en établissant un ordre des priorités – la santé, la sécurité, le comportement – tout cela fait partie du processus de guérison direct.
Personne n’est capable d’évacuer instantanément les pensées et les sentiments qui vous assaillent à la suite d’un violent traumatisme ; j’aimerais réellement que cela soit possible, car nous savons que de telles pensées peuvent gravement meurtrir le cœur, la conscience, l’esprit d’une personne et faire qu’elle se sente à moitié morte, ou demeure dans un état de terreur permanente.
Mais à mesure que le temps passe, la peine s’atténue et beaucoup de ces sentiments finissent par disparaître tout à fait. Particulièrement si nous nous raccrochons à une compréhension claire, des actions justes, un bon mode de pensée. Le plus important est de savoir ce que l’on doit faire pour soi-même afin d’aider au processus naturel de guérison après avoir été profondément affecté par un coup du sort.
Il y a bien des années, notre premier petit-fils adoré est mort subitement. Nous avons lentement, pas à pas, suivi le douloureux chemin qui nous a ramenés de la terre des morts. Cela nous a pris beaucoup de temps. Nous avions la sensation d’être morts avec lui. La simple vérité de ce qu’il faut faire pour revenir au monde après un tel traumatisme nous est venue de ma fille bien aimée, elle qui avait perdu son enfant. Voici ses mots : « Il est impossible de surmonter une perte aussi profonde. On peut juste apprendre à vivre avec. »
Et il en sera de même pour vous, soyez-en certains. Vous trouverez le moyen de vivre à nouveau, de laisser la tragédie prendre sa place dans le passé et ne plus occuper le premier plan de votre existence.
Ce jour viendra. Vous verrez. Et vous verrez que, mois après mois, cela se produira de plus en plus souvent.
Après un drame, certaines personnes ont immédiatement une conscience précise de ce qu’elles pensent et ressentent.
Mais d’autres peuvent se sentir anesthésiées au point de ne plus savoir ni comment ni où elles se situent par rapport à elles-mêmes, aux événements, à ceux qui les entourent, et cet état peut perdurer un certain temps. C’est normal. Une vie nouvelle ressurgira. Réfléchir sur nous-mêmes et prêter attention à nos processus personnels et quotidiens est une bonne manière de réagir.
Si vous ne parvenez pas à retrouver le souvenir des valeurs, des chemins et des rituels les plus utiles pour vous, demandez à ceux qui ont votre confiance de vous soutenir dans les étapes qui vous aideront chaque jour à vous aider vous-même.
Comme dans un nouveau jardin, prenez le temps de réfléchir, progressez pas à pas. Évaluez, bêchez, plantez, arrosez, donnez de la lumière, ôtez les mauvaises herbes, avec tendresse et considération, prenez soin de ce jardin… Un jour la floraison viendra enfin et, après elle, les fruits.
Pour ceux qui ont été au cœur d’un désastre, le sentiment d’hébétude que vous pouvez ressentir provient en partie du fait que votre être cherche à se protéger, à adoucir pour un temps l’étendue du profond malheur qui vous a accablé, afin de vous permettre au moins d’effectuer les gestes ordinaires de la vie quotidienne.
Dans les premiers jours qui suivent un grand traumatisme, vous pouvez même avoir l’impression que le temps s’est arrêté. Que tout ce qui vous entoure est irréel. Le simple effort de se coiffer, de se raser, de s’organiser, peut devenir un acte sans signification dans un monde émoussé.
Vous pouvez avoir la sensation de ne pas être réellement présent. Comme si vous étiez mort, ou comme si une partie de vous était morte, même si vous vous efforcez de continuer à faire avancer les choses, à supporter le poids de l’existence et à aider les autres. Cela provient du fait qu’une peur panique, l’horreur d’un épouvantable drame, nous projette dans un processus d’enfermement.
Mais cela ne dure qu’un temps. Nos équilibres internes et la force qui nous permettent d’affronter les difficultés de l’existence vivent toujours en nous. Nous pouvons les retrouver et puiser en eux.
Pour ceux d’entre nous qui ont été soudainement la proie d’une grande terreur ou ont brutalement perdu des êtres chers, un animal aimé, leur maison, et parfois tout cela à la fois, le terme « d’effondrement » n’est pas trop fort pour qualifier ce qui se produit. Beaucoup de victimes de catastrophes ont le sentiment qu’une énorme porte de fer s’est refermée derrière elles et que la vie ne sera plus jamais pareille.
Mais je vous en prie, soyez certains qu’un processus de guérison indirect se met à l’œuvre au même moment, à l’intérieur de vous. Le temps est un puissant partenaire, même si son action est indirecte. Le temps apporte également une bénédiction, qui est que la peur, l’horreur, la peine sont des roues qui tournent.
Le chagrin a un début, un milieu, et pas exactement une fin, mais une issue qui vous permettra de quitter le lieu clos, la prison dans laquelle vous étiez enfermé derrière la « porte de fer », écrasé par le poids du malheur.
Le sentiment d’impuissance, l’épuisement, la méfiance et l’hypervigilance, la peine, le reproche que l’on peut faire peser sur soi-même ou sur les autres, le sentiment de responsabilité qui vous assaille à l’idée de « n’avoir pas su », tout cela finira par s’apaiser, par s’estomper. Vous retrouverez la possibilité de vivre chaque jour, de rire, d’aimer la vie, peu à peu et de plus en plus. Cela reviendra. Pas sur le moment, pas immédiatement. Mais cela reviendra.
À mesure que le temps passe, vous serez de moins en moins nombreux à vous sentir retenus dans le passé, à éprouver, par moments brefs mais très intenses, des bouffées de peur ou de chagrin.
Ces instants s’espaceront de plus en plus. Les épisodes où le souvenir soudain et brutal de la catastrophe surgira dans votre mémoire seront toujours vifs, mais de plus en plus rares, sur des périodes de plus en plus courtes. Encore une fois, pour la majorité d’entre nous, il ne s’agit pas de se consoler et d’oublier totalement ce moment déchirant qui a totalement bouleversé votre existence. Mais nous apprenons à vivre avec. À continuer d’exister avec les suites et les souvenirs d’un choc terrible, d’une perte irréparable.
Nous apprenons à vivre avec des bouleversements et un deuil qui, pour un temps, nous ont donné l’impression que notre existence n’avait plus aucune signification, qui ont anéanti notre courage, notre énergie et même notre désir de vivre.
Chaque âme possède en elle une force pareille à l’énergie qui réside à la base d’une plante et qui continue à briller sous terre, même durant la pire sécheresse. Et cette énergie nous emplit de ses puissantes impulsions et nous encourage à vivre encore… et à vivre bien.
Et malgré la faiblesse que nous pouvons ressentir à mesure que nous nous remontons vers une existence pleine et entière, ce rhizome invisible, cette force de vie de l’être véritable nous aidera à retrouver la signification de l’existence – et parfois à nous tourner vers de nouveaux chemins de vie. Ce moment viendra. Comme dans un jardin après la sècheresse, la vie reprendra ses droits à nouveau.
APRÈS LES FLAMMES
Une nouvelle graine
Porte la foi en elle
Et ses racines plongent
Même en ces lieux
Qui paraissent les plus vides
Extrait de The Faithful Gardener, par CP Estés, en hommage aux 14 pompiers tués à Storm King mountain, en 1994
AGIR POUR SE RÉTABLIR
Pour vous remettre, vous êtes libre d’utiliser toutes les méthodes préconisées ci-dessous ou simplement certaines d’entre elles, en plus de celles que vous connaissez peut-être déjà. Sachez également que beaucoup de gens que vous ne connaissez pas se joignent malgré les distances à tous vos proches pour vous soutenir ; ils prient de tout leur cœur, avec sincérité, pour le rétablissement de votre cœur, de votre âme et de votre identité profonde. Je ne suis qu’une personne parmi tant d’autres qui prient activement pour vous.
FAITES DE L’EXERCICE ET REPOSEZ-VOUS pour évacuer le stress accumulé… ► Dès les premiers jours, ou aussitôt que possible, pratiquez des exercices physiques vigoureux et alternez avec des phases de repos. Par la suite, continuez à bouger quotidiennement. L’exercice limitera certains symptômes physiques et donnera à votre organisme le moyen d’évacuer le stress physique et émotionnel qui s’accumulera dans les jours à venir. C’est un cadeau que vous faites à votre corps.
CONTINUEZ À AVANCER, l’ordre reviendra dans votre vie… ► REPOSEZ-VOUS, MAIS OCCUPEZ-VOUS AUTANT QUE POSSIBLE : ne restez pas assis sans rien faire. Il est tout à fait normal de se sentir déplacé, en colère, triste, orphelin ou hébété. Ne vous dites pas que vous avez perdu la tête. Ce n’est pas le cas. Une véritable tempête a bouleversé l’ordre établi. Mais l’ordre reviendra, un ordre nouveau. Un ordre que vous déciderez au fur et à mesure d’installer dans votre existence, du mieux que vous pourrez.
PARLEZ AUX GENS plutôt que de chercher à vous endurcir… ► Parlez aux gens ; la conversation est l’une des activités les plus réconfortantes qui soient. Racontez votre histoire telle que vous la ressentez. Certains d’entre nous apprennent à garder leurs pensées et leurs sentiments les plus précieux pour eux-mêmes, mais ils ne se rendent pas compte qu’en en exprimant certains, voire beaucoup, nous donnons la permission à nos interlocuteurs de partager les leurs… et nous facilitons d’autant le processus de rétablissement. Parler encourage nos interlocuteurs à s’exprimer aussi. Chacun a sa propre manière d’affronter les traumatismes ; personne ne devrait être forcé de parler s’il ne le désire pas ou s’il estime que le temps n’est pas encore venu de le faire, mais nous avons découvert qu’exprimer les espoirs et les craintes permet de mieux évacuer les séquelles d’un choc que de tenter de s’endurcir. Dorénavant, toute conversation participe à la paix de votre âme.
TRANSPOSEZ VOTRE HISTOIRE DANS LE MONDE RÉEL EN LA PEIGNANT, EN LA RACONTANT, EN L’ÉCRIVANT OU EN LA DESSINANT… ► Pour certaines personnes, il s’agira peut-être de la première occasion où on les encouragera à s’exprimer. Certains seront brefs, et ce n’est pas un problème. Peu importe que le récit soit haché ou cohérent… Raconter sa propre histoire à sa façon, voilà ce qui importe. Ceux qui ont été profondément blessés devront peut-être répéter leur histoire à de nombreuses reprises avant de parvenir à évacuer l’immense souffrance qui les habite. Ils peuvent la rapporter de vive voix ou dans des poèmes, des dessins, des chansons, de la musique, des pièces de théâtre, des tableaux ou toute autre forme d’expression, puis la partager avec des personnes de confiance. Produire des œuvres d’art est une vertu en soi. Et l’art expressif représente un immense réconfort pour beaucoup de gens.
DES MÉTHODES POUR ÉCOUTER LES AUTRES ET LES SOUTENIR afin de les aider à se rétablir… ► Sans pour autant vous faire violence, si vous le pouvez, écoutez les récits des autres. Si vous y parvenez, tendez la main à ceux qui manquent de ressources ou de sécurité, ou qui n’ont pas le moral : parfois, offrir du réconfort et des encouragements facilite la guérison de celui qui écoute autant que celle de la personne qui parle. On peut rester à l’écoute de l’autre de bien des façons, par exemple en gardant le silence ensemble, en posant la main sur un bras ou en enlaçant les épaules, en buvant un verre d’eau ensemble ou en étreignant l’autre lorsque celui-ci se voûte ou se met à pleurer. La vertu de l’amour bienveillant est inestimable.
REGARDER AVEC BIENVEILLANCE, ACQUIESCER AVEC COMPRÉHENSION… ► Il existe également des « mots » sans pareil qu’on ne prononce pas de vive voix, mais en hochant simplement la tête ou en adressant un regard plein de douceur et de compréhension. Une voix et un regard doux, les « là, là », les « ça va, ça va », les « oui mon chéri » et le miséricordieux baume du silence au sein du vacarme… Parfois, il n’en faut pas plus pour exprimer la compassion.
VOTRE ÂME EST UN TEMPLE, PROTÉGEZ LE VÔTRE ET CELUI D’AUTRUI autant que faire se peut… ► Ne laissez personne vous amener à agir contrairement à votre intérêt spirituel et émotionnel, que ce soit en vous forçant ou en vous abusant. Ne vous laissez pas non plus entraîner par ceux qui s’acharneraient trop tôt à vous répéter : « C’est terminé, maintenant, il faut tourner la page. » Vous tournerez la page, mais à votre propre rythme. Lors des périodes de chagrin et de bouleversement, notre conscience pénètre en un lieu sacré, théâtre d’un apprentissage essentiel et d’un processus de transformation. Le cycle des médias n’est pas en phase avec votre cycle de rétablissement.
Ce n’est pas en exploitant la peine des affligés qu’on les réconforte. Mieux vaut protéger votre psyché traumatisée contre toute intrusion, qu’il s’agisse de contacts directs avec les représentants des médias ou de contacts indirects, par la télévision ou la radio par exemple. Ils risquent en effet de contrarier votre besoin d’intimité, à titre personnel ou en groupe restreint, car les médias doivent sans cesse « sacrifier à la voracité du cycle des news ». Restez fidèle à vous-même, et gardez vos distances de la façon qui vous semblera la plus pertinente, pour votre bien et votre sérénité.
APPUYEZ-VOUS SUR LES CONSEILS PLEINS DE COMPASSION ET DE PATIENCE… ► Ne vous calquez pas sur les personnes qui ne sont pas elles-mêmes épanouies psychologiquement ou spirituellement, ni sur celles dont le cycle d’angoisse et de chagrin a pour le moment sapé les forces, ce qui se comprend tout à fait. Appuyez-vous plutôt sur celles qui vous prodiguent des conseils compatissants, avec patience. L’une des meilleures attitudes à adopter consiste à faire preuve de tolérance vis-à-vis de ceux qui manifestent un comportement envahissant, mais en protégeant votre intimité.
INSPIREZ-VOUS DE L’EXEMPLE DES PERSONNES BLESSÉES QUI ONT REBÂTI UNE NOUVELLE VIE. Vous êtes blessé mais vivant, et vous êtes en train de vous remettre. Considérez tous ces anges, ces saints, ces êtres humains admirables qui ont enduré le même genre de souffrance que vous et qui ont retrouvé une vie épanouie… ► Soyez à l’écoute de vous-mêmes et de ceux qui ont subi de grands bouleversements, mais qui sont presque rétablis ou qui ont fait des progrès décisifs. Il s’agit là d’une sorte de paradoxe, d’un exercice de compassion à appliquer à vous-même et à autrui : il faut panser les blessures jusqu’à ce que vous alliez « suffisamment bien », tout en reprenant simultanément une nouvelle vie. Certes, « la vie continue », comme on aime à le répéter, mais le plus important, c’est que la vie est toujours là : pas la peine de se précipiter. Une blessure spirituelle équivaut à une blessure physique. Il faut du temps pour que chaque couche guérisse et cicatrise.
VOUS N’ÊTES PAS SEUL : RECHERCHEZ CEUX « QUI SAVENT » COMMENT S’EN SORTIR… ► Vous éprouvez peut-être un sentiment de solitude, d’inquiétude ou de perte vis-à-vis des êtres aimés qui ont été blessés ou qui ont disparu, voire vis-à-vis d’un mode de vie irrémédiablement bouleversé. Vous trouverez peut-être un apaisement en compagnie de ceux qui comprennent tous les tenants et les aboutissants de votre expérience, c'est-à-dire ceux qui en ont déjà vécu une semblable. Vous avez peut-être l’impression que ce n’est jamais arrivé à personne d’autre, et que vous et ceux qui vous accompagnent êtes seuls, mais il existe d’autres personnes dans votre ville, sur Internet et dans certains groupes, qui savent exactement par quoi vous passez et qui peuvent vous apporter un immense réconfort. Cherchez-les et acceptez ce qu’elles ont à offrir de bon cœur. Vous n’avez qu’à tendre la main. C’est ainsi que nous donnons aux autres le privilège de nous témoigner leur amour en nous transmettant leur bienveillance.
CÉRÉMONIES, ACTES SYMBOLIQUES, RITUELS, COMMÉMORATION, BÉNÉDICTION… ► Chaque fois que vous racontez votre histoire ou une partie de celle-ci, que vous vous livrez à un acte symbolique, que vous participez à une cérémonie ou à un rituel qui vous permet de communier avec quelque chose de plus grand selon vos convictions, que vous évoquez dans l’instant présent les meilleurs moments du passé, que vous érigez de votre mieux des barrières pour empêcher que les tragédies et les coups du sort qui vous ont frappé ne se reproduisent, que vous recevez l’affection de quelqu’un, que vous faites l’effort de réconforter autrui… Chaque fois que vous témoignez de la bienveillance à autrui ou que vous recevez vous-même les bénéfices d’un acte bienveillant, vous vous rétablissez un peu plus. Et vous aidez les autres à guérir aussi. Telle est la vertu des efforts attentionnés et des cérémonies.
LES LEÇONS DE VIE DE LA TRAGÉDIE… ► Efforcez-vous de ne pas nier vos sentiments en vous réfugiant dans l’alcool, la drogue ou d’autres excès. Exprimez vos émotions autant que possible. Et autant de fois qu’il le faut. Il n’y a ni honte ni égoïsme à cela. Vous avez énormément souffert. Après un choc brutal ou une tragédie, il arrive que l’on recoure à l’automédication et qu’on se serve de tout ce qui nous tombe sous la main. Mais ce n’est pas le moment de nier nos sentiments. Beaucoup d’entre nous sous-estiment notre besoin de lucidité. Malgré l’horreur qui l’a suscitée, cette expérience vous apportera beaucoup, et les leçons que vous en tirerez vous seront utiles toute votre vie. Pour beaucoup, ce sera l’occasion de mûrir d’une façon inattendue et positive. Nous ne pouvons pas faire disparaître les événements tragiques ou profanes, mais nous pouvons leur accorder l’importance qu’ils méritent, une sorte de consécration. Tant que nous restons lucides et forts, nous pouvons donner un caractère solennel à nos actes et à nos réactions.
ACCEPTEZ-VOUS ET ACCEPTEZ LES AUTRES… ► Tournez-vous vers les autres pour demander de l’aide. Ils se soucient vraiment de vous. Vous acceptez ainsi leur influence bienveillante, comme une bénédiction. Soyez bon avec vous-même et laissez les autres vous témoigner leur bonté également. Parfois, c’est en acceptant l’intervention bienveillante des autres dans votre vie et en leur témoignant également votre bienveillance que vous guérirez le mieux. Je rencontre beaucoup de gens qui ont subi des tragédies, mais qui se demandent comment aider les autres, et je leur dis simplement : « Soyez gentil. » Ceux qui souffrent énormément oublient souvent les conseils et les techniques « d’expert » utilisées pour les aider lors des premiers jours et des première semaines, mais ce qui reste à jamais gravé dans leur mémoire, c’est la gentillesse qu’on leur a témoignée pendant cette période et par la suite. La gentillesse semble se graver dans le corps, à l’intérieur et à l’extérieur, par l’intermédiaire de la conscience, du cœur, de l’âme, dans une sorte de mémoire sensorielle. Chaque parcelle de l’être humain enregistre les actes et les paroles de bienveillance.
SOLITUDE, RÉFLEXION, VOIR DES GENS… ► Passez du temps avec d’autres personnes. Il peut y avoir des périodes où vous aurez besoin de réfléchir et de rester seul(e). Toutefois, ne vous isolez pas. Il vous arrivera peut-être de rire par moments, alors même que vous ressentez du chagrin. Il ne s’agit pas là du grincement du tour de potier, mais du tour de potier qui manifeste sa joie d’être en vie, d’être utile à nouveau. C’est normal. La gaieté sincère est une vertu qui participe à la guérison.
VOUS AUSSI, TENDEZ LA MAIN… ► Demandez aux autres comment ils vont. Rappelez-vous qu’ils auront peut-être des scrupules à confier leur fardeau à un étranger, et même à un ami ou à un parent, si on ne le leur demande pas, à maintes reprises pour certains. Respectez la sensibilité de vos interlocuteurs, mais il arrive qu’il faille poser la question plusieurs fois pour qu’on vous réponde autre chose que « Ça va », alors qu’en réalité ils ne vont pas bien, voire pas bien du tout. La règle que j’applique est la même que pour élever mes enfants : je demande trois fois, et chaque réponse est généralement un peu plus approfondie… C’est ainsi qu’on parvient à évacuer la pression une bonne fois pour toutes.
REPOSEZ-VOUS ET PRENEZ SOIN DE VOTRE CORPS : PERSONNE D’AUTRE NE PEUT LE FAIRE À VOTRE PLACE… ► Le deuil et les souvenirs peuvent épuiser un adulte. La souffrance est une expérience éprouvante ; quand l’hébétude se dissipe et que l’esprit fait ressurgir les images et les impressions liées à l’événement traumatique, vous risquez de dépenser beaucoup d’énergie. Reposez-vous, prenez bien soin de votre corps. Nourrissez-vous aussi décemment que possible. Apaisez votre corps et alimentez-le en énergie en recourant à toutes les méthodes que vous savez efficaces pour vous, de façon à faciliter votre vie plutôt qu’à y ajouter des charges supplémentaires.
ACCORDEZ-VOUS DES « VACANCES » PAR RAPPORT AU TRAUMATISME… ► C’est normal de prendre de la distance. Ce n’est pas de la négligence que de ne plus vouloir écouter. C’est normal de cesser de lire les journaux et de regarder les infos. C’est normal de ne plus jamais aller voir un film consacré aux chocs ou à la perte, afin de ne pas rouvrir les blessures cicatrisées ou en voie de guérison. C’est tout à fait normal de protéger ces blessures, même quand elles sont « suffisamment guéries », que ce soit simplement pour un temps, pour très longtemps ou même pour toujours. Chacun atteint ses limites lors du processus de deuil, lorsqu’il s’agit de se remettre après un choc ou de cohabiter avec des blessures encore ouvertes. Restez à l’écoute des besoins de votre corps, de votre conscience, de votre cœur, de votre âme, et répondez à ces besoins.
LA VOIE DE LA GUÉRISON N’EST PAS UNE LIGNE DROITE… ► La voie de la guérison n’est pas une ligne droite après un choc : on progresse en zigzag, et on fait parfois deux pas en arrière pour trois pas en avant. Il n’existe aucune méthode idéale, aucune progression parfaite. Il n’y a que votre méthode, vos efforts pour avancer. Faites-vous confiance. Votre expérience de la vie vous aidera. Vos anges gardiens, ceux que vous considérez comme un soutien, ceux qui vous entourent vous proposeront peut-être des idées eux aussi. Réfléchissez-y, prenez ce dont vous avez besoin et ne vous encombrez pas du reste.
PRENEZ VOTRE TEMPS POUR CHOISIR UNE AIDE JURIDIQUE… ►Si cet aspect entre en ligne de compte, prenez le temps de réfléchir posément lorsqu’on vous offre une aide juridique. Dans le cas de personnes gravement blessées, qui ont survécu alors qu’un membre de leur famille est mort ou qui ont beaucoup perdu, un soutien juridique peut s’avérer utile. Mais sachez également que dans certaines situations, prendre part à des poursuites juridiques qui peuvent durer des années risque de vous ôter la liberté de vivre comme bon vous semble, et de vous soumettre aux aléas d’un procès qui connaîtra sans doute des hauts et des bas. Réfléchissez bien. Si vous avez besoin d’un avocat, mieux vaut recourir à des amis fiables pour trouver un spécialiste plutôt que de répondre à ceux qui vous contactent spontanément. Sur le théâtre de chaque catastrophe, on voit affluer des charlatans en même temps que la grande majorité de ceux qui viennent pour aider en toute bonne foi. Choisissez judicieusement.
UN NOUVEAU CERCLE PROCHE : LES GROUPES DE SOUTIEN POUR LES SURVIVANTS… ► Il est vrai que certains de vos amis et de vos proches ne comprendront jamais ce dont vous, la personne qui s’est trouvée là, avez fait l’expérience, sauf s’ils étaient là eux aussi. Souvent, ceux vers qui nous voudrions nous tourner sont incapables d’appréhender ce qui s’est passé. C’est normal. Ne le prenez pas mal. C’est aussi pour cette raison que des groupes de survivants se forment. Les personnes de ce nouveau cercle proche se comprennent les unes les autres de façon naturelle. Ces groupes se forment parfois autour de la prière, ou dans un abri encore debout, en partageant le peu de ressources qu’il reste, en s’occupant d’abord des plus gravement blessés… et évoluent à partir de là. Vous pouvez faire partie d’un tel groupe, ou décider d’en former un. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de le faire lorsque cela vient du cœur.
SI VOUS VOUS SENTEZ ENFERMÉ DANS UNE DÉTRESSE CHRONIQUE OU GRANDISSANTE…► Si, à un quelconque moment, vous vous sentez prisonnier d’une colère sans fin, si vous cherchez sans cesse à vous isoler, ou si vous souffrez d’une anxiété qui ne décroît pas, si vous demeurez en permanence sur vos gardes, s’il vous vient des pensées intrusives, des flashbacks, l’idée de faire du mal, à vous-même ou aux autres, des cauchemars ou d’autres troubles du sommeil, si vous réagissez de manière disproportionnée à des événements banals, et si vous commencez à détruire les relations auxquelles vous tenez le plus… ne tardez pas… Cherchez l’aide de ceux en qui vous pouvez avoir confiance, ceux qui aident les autres à guérir. Il suffit souvent qu’une toute petite chose soit réglée dans votre conscience, votre cœur, votre esprit ou votre corps, sans qu’il y ait besoin d’une reconfiguration totale de votre psyché. Chercher de l’aide lorsqu’on en a besoin est une vieille tradition où chacun va seul solliciter l’aide d’un guide qui vous prodiguera ses conseils, en exerçant ainsi un effort de compassion… Et dans cette démarche, chacun trouve son propre bénéfice.
THÉRAPIE DE RÉTABLISSEMENT POST-TRAUMATIQUE…► Ce n’est pas une faille de caractère, ni un échec personnel que de chercher la sagesse psychologique, physique ou spirituelle d’un autre. Tâchez de comprendre que les chocs sévères et soudains portés au corps et à la conscience peuvent perturber l’équilibre chimique qui influe sur le sentiment de soi, qui régule notre humeur et notre sentiment de bien-être au sein du monde. Écouter les enseignements d’un thérapeute entraîné à remettre les gens sur le droit chemin, ou formé au rétablissement post-traumatique, est utile pour démêler les processus de l’esprit qui ont été malmenés par des stimuli trop soudains et trop violents. Le remède est de se refocaliser, de s’immerger dans de meilleures pratiques spirituelles, psychologiques et corporelles afin de purger son véritable soi, de le renforcer et de le libérer à nouveau.
PARTICIPEZ À DES RENCONTRES, CONVENTIONNELLES, EN FAMILLE, OU PLUS ALTERNATIVES…► S’asseoir à une table en compagnie d’une personne en qui vous avez confiance est un moyen de laisser cours à des pensées que vous préféreriez ne pas exprimer plus publiquement, ou avec vos amis ou votre famille. C’est également un endroit où apprendre à vous créer une nouvelle vie avec clairvoyance, comme vous souhaiteriez qu’elle soit désormais. Certains pourront choisir la thérapie EMDR, basée sur le mouvement des yeux, qui parvient chez beaucoup de personnes à réduire l’angoisse du traumatisme ; certains préféreront parler ; certains analyseront leurs rêves, à la recherche de symboles qui les libéreront une fois qu’ils les auront compris ; certains auront aussi recours à des médicaments et des remèdes spécialement composés à base de plantes. D’autres organiseront une cérémonie, trouveront un rituel purificatoire dans l’art, la danse, le chant, l’écriture, la peinture, pratiqueront la méditation, participeront à des satsangs, tiendront une messe dans les ruines, se confieront à un journal intime, feront du yoga, se rencontreront en petits groupes, se béniront mutuellement, prieront ensemble, riront ensemble, iront à la pêche plus souvent, entameront de nouvelles activités de détente ou retourneront à celles qu’ils pratiquaient autrefois… Et beaucoup se serviront de l’expression artistique pour faire leur paix avec les événements. Servez-vous d’un de ces moyens, ou de plusieurs, ou de tous, comme vous le jugerez bon.
N’AYEZ PAS PEUR DE PARLER À VOS ENFANTS LES PLUS ÂGÉS COMME À DES ADULTES…► Si vous êtes parent, aidez vos enfants, ainsi que les autres enfants qui ont pu perdre leurs parents, en les écoutant. Ce n’est pas parce que les enfants ou les jeunes adolescents ne disent rien, ce n’est pas parce qu’ils rient ou sortent s’amuser ou s’occuper avec des amis, ce n’est pas parce qu’ils disent que ça va qu’ils n’ont pas besoin d’une attention toute particulière.
La conscience se divise souvent en deux lors de scènes violentes et/ou de traumatismes brusques. Il s’agit d’un phénomène d’adaptation au choc, temporaire et tout à fait naturel. L’une des parties de la conscience continue de gérer le quotidien, en paraissant ne pas se préoccuper des tourments de la psyché (qui pourtant enregistre tout), tandis que l’autre peut, pendant un temps, se noyer dans le sentiment d’impuissance, une sensation surréaliste concernant les événements, et la tristesse. Ces deux façons de voir et de penser finiront par se rapprocher à nouveau, de plus en plus, et finiront par se fondre en une seule et même vision… Soyez présent et attentif, pour aider à refondre ces deux réalités en une seule.
ÊTRE PRÉSENT AUPRÈS DES ENFANTS, en leur accordant toute votre attention, permet de guérir la dualité entre le monde connu qui a été détruit, et le monde intact de ce que chacun tient pour sacré. N’ayez pas peur de leur ouvrir votre esprit, de leur parler cœur à cœur, en leur prodiguant votre réconfort si l’enfant vous indique qu’il le souhaite : des paroles apaisantes, un câlin, des chansons, une friandise qu’il aime. L’enfant vous indiquera ce qu’il aimerait si vous lui proposez quelque chose d’agréable, plutôt que de lui demander ce dont il a besoin.
N’hésitez pas à consulter des personnes sages et solides pour obtenir de bons conseils, une vision spirituelle, un travail sur le corps, une thérapie psychologique, une cérémonie, un cadre de guérison, à la fois pour vous et pour un enfant si vous estimez utile ou nécessaire d’apprendre, et d’assimiler ce que vous apprenez. Les enfants eux aussi sont sages et observateurs ; vous pourriez en apprendre beaucoup en leur parlant après un traumatisme collectif.
CRÉER DES GROUPES POUR QUE LES ENFANTS JOUENT ET APPRENNENT…► Créer des groupes pour que les enfants puissent jouer en paix, et puissent apprendre de personnes aimantes. Leur donner si possible l’occasion de prendre soin d’animaux en bonne santé peut rendre à des enfants qui ont beaucoup perdu le sentiment d’appartenance dont ils ont grandement besoin. N’importe quel être humain peut supporter les passages les plus difficiles s’il éprouve un sentiment d’appartenance à la Création, d’une manière qui convienne à chacun, à sa propre façon, et au groupe de ceux qui se préoccupent de lui. On peut également voir que, même si certaines personnes n’ont pas ce sentiment de connexion avec une force plus grande qu’eux ou avec d’autres humains, ils la trouveront dans l’admiration et l’amour des animaux, ou dans la beauté du soleil, des étoiles, et du ciel. Chacun se trouvera son propre sentiment d’appartenance. Offrez-leur donc de nombreux cadres sûrs, peu importe où et comment, afin que les jeunes puissent se sentir appartenir à ce qu’ils estiment sacré pour eux.
AVEC LES ENFANTS, FAITES DE VOTRE MIEUX ET DONNEZ-LEUR DE L’AMOUR…► Récupérer d’un traumatisme peut aussi avoir une utilité, un caractère éducatif. Cela fait découvrir à l’enfant que sa conscience, son comportement et son esprit fonctionnent tous ensemble, et se retrouvent parfois déréglés, oui, mais qu’ils peuvent fonctionner à nouveau avec quelques réajustements et un peu de bonne volonté consciente. Les enfants guettent et suivent souvent l’attitude de leurs parents et leurs aînés sur de tels sujets.
Si vous avez commis une erreur, en réagissant trop fortement, ou trop peu, faites machine arrière. Expliquez-le à votre enfant, dites-lui que vous avez compris maintenant comment mieux faire. Les enfants apprennent si rapidement que, le plus souvent, ils feront eux aussi machine arrière et suivront votre nouvel exemple, meilleur et plus réfléchi. Il ne s’agit pas d’être parfait dans son deuil ou dans son retour à la vie. Ce qui compte le plus est que vous fassiez de votre mieux, en vous montrant attentionné. Voici l’attitude stable à adopter : « faire de votre mieux », mais pas au détriment de « faire avec amour ». C’est vous qui connaissez le mieux votre enfant, qui savez de quelle manière l’aimer le mieux et s’occuper de lui ou d’elle ; cela, les enfants le perçoivent très facilement, et s’en serviront pour enrichir leur processus de rétablissement.
DÉCIDEZ DE VIVRE PLEINEMENT…► Dans les jours qui suivent, choisissez des activités agréables, nouvelles ou qui rafraîchissent l’esprit. Ça n’a pas besoin d’être de grandes choses, mais des événements ou des activités qui apportent de petits contrepoids à la tragédie et qui peuvent vous permettre de dépasser ce que vous avez traversé. Il est légitime de vivre pleinement, même après que des êtres chers ont été brutalement touchés, blessés ou tués. En fait, nombreux sont ceux qui considèrent même qu’il est parfaitement juste de décider de profiter de l’existence en l’honneur de ceux qui ne peuvent pas ou plus le faire. La culpabilité ne doit pas entacher les moments de joie et de célébrations. Pas plus que la tristesse ne doit soudainement les assombrir. Car, je le répète, les instants de bonheur sont la force vitale qui fait s’épanouir la vie. Votre vie fleurit à nouveau. Et cela est juste et bien.
IL Y A DES MOMENTS QUI MÉRITENT QU’ON EN PARLE … ► Lorsque vous vous sentez mal, trouvez quelqu’un à qui parler, avec qui pleurer, à qui dire votre colère et tous vos sentiments d’impuissance. Ne les gardez pas pour vous. Si vous pensez que vous ennuyez les gens, ou que vous êtes faible, souvenez-vous que si vous vous murez dans le silence, les gens qui vous aiment peuvent perdre une immense énergie à s’inquiéter encore plus. Il est bon et juste de parler, même si ce n’est pas votre habitude. Il y a dans la vie des moments d’importance majeure qui méritent qu’on en parle. Ce qui vous est arrivé en fait partie. Nous sommes ce que nous sommes, c’est vrai, mais il existe aussi maintenant des nouvelles techniques qui sont synonymes de vraie générosité, et cela inclut de s’aider soi-même, de manière à pouvoir guider les autres avec sagesse en leur disant : « Oui, moi aussi, j’ai souffert et c’est pour cela que je connais un peu le chemin qui t’attend, et voilà, avec affection, la suggestion que je peux te faire... » Il est souvent vrai que ceux qui paraissent le plus avoir besoin d’aide peuvent apporter un enrichissement aux autres. Les moments que vous avez vécus méritent que vous partagiez avec sincérité et ouvertement vos expériences et vos convictions les plus profondes.
PRENEZ GARDE À NE PAS ABUSER DE SUBSTANCES OU DE MÉDICAMENTS… ► Il n’est pas rare de se découvrir de nouvelles fragilités en période de récupération après un traumatisme. Soyez prudent et prenez garde à ne pas abuser de substances, médicamenteuses ou autres, addictives et destinées à émousser la sensibilité. Pour se défendre contre ce qu’ils perçoivent comme leur vulnérabilité, certains peuvent se perdre dans des relations sexuelles non protégées, élever un rempart d’amertume contre le monde, devenir d’insupportables monsieur ou madame je-sais-tout, ou se laisser submerger par la fureur. Bien utilisée, la colère peut être productive : une énergie à utiliser de manière maîtrisée et raisonnée, afin d’accomplir un objectif. Elle est comme le feu qui brûle dans l’âtre et ne devrait jamais devenir un incendie incontrôlé sans un cercle de pierres gardiennes pour le contenir.
RAPPROCHEZ-VOUS DES PERSONNES DE SPIRITUALITÉ, AYANT DE L’AFFINITÉ AVEC L’ÂME ET LE MOI VÉRITABLE… ► Vos croyances et votre spiritualité peuvent vous être d’une grande aide. Appuyez-vous sur elles. Et si vous avez dans le passé été découragé par la rencontre d’un individu prétendument religieux, mais dépourvu d’humanité, ne vous refusez pas cette forme de guérison si votre âme vous le demande. Songez à vous entretenir avec des individus proches de la spiritualité, ayant une attitude généreuse et pleine d’amour. Ils sont nombreux dans le monde. Vous en trouverez certains au sein des grandes religions et communautés institutionnalisées, tandis que d’autres n’appartiennent à aucun courant. Ces personnes peuvent être des alliées qui vous apporteront un baume spirituel.
TROUVER UN SENS À TOUT CELA : « L’ACTION DE DIEU », « L’ACTION DU CRÉATEUR », « LA SOURCE DE TOUTE CHOSE » ► Je souhaite vous transmettre également ceci, une philosophie personnelle que je porte en moi… Il est nécessaire de savoir et d’accepter consciemment qu’il est des choses qui relèvent de ce que l’on pourrait nommer « l’action du Créateur » « l’action de Dieu », « la source de toute chose », selon votre préférence. Certaines catastrophes n’auront jamais de sens. Elles sont au-delà de notre contrôle et de notre entendement. Les accidents échappent à notre compréhension. Un coup du sort n’a souvent rien de rationnel. Les choses mauvaises sont, par définition, insensibles. Et certaines choses, certains événements, certaines situations, relèveront pour toujours de ces puissances extérieures.
LA DIGNITÉ À LAQUELLE VOUS AVEZ DROIT... ► Confrontés au désastre, à la détresse, nous souhaitons tous faire preuve de force et de bravoure. Nous voudrions tous nous montrer exemplaires par notre endurance et nos efforts à aider les autres. Si la race humaine a de l’importance pour vous, si vous aimez vraiment vos frères humains, alors n’oubliez pas de vous compter parmi eux, en accordant à vos sentiments intérieurs et à vos pensées la voix et la dignité qu’ils méritent, comme vous la méritez.
LE MONDE CONNAÎT VOS ÉPREUVES, IL VEILLE À VOS CÔTÉS, ATTENTIF À VOUS AIDER, RÉPONDRE À VOS BESOINS ET VOUS EMPÊCHER DE SOMBRER
Sachez que dans le monde entier, il existe des hommes et des femmes inconnus de vous, dotés d’une force morale et d’une capacité de prière incroyable. Des penseurs solides qui propagent la bonté de multiples façons. Vous êtes sur notre radar et nous avons déjà sollicité tout ce qui est Grand et Bon pour que vous soyez accompagnés et guidés dans votre retour vers une vie à nouveau complète. Nous prions pour que vous et vos proches soyez en sécurité, pour que vous puissiez vivre des miracles durant cette période, pour que vous sachiez qu’à tout moment le Créateur et les anges sont près de vous, qu’ils vous effleurent avec bonté, et vous guident par les moyens les plus utiles pour vous, afin que vous retrouviez la voie d’une vie à nouveau pleine de sens.
Alors acceptez, s’il vous plaît, les prières que nous faisons pour vous, avec amour.
Dr. Clarissa Pinkola Estes
REFUSEZ DE TOMBER – PRIÈRE
Refusez de tomber,
Et si vous ne le pouvez pas,
Refusez de rester couché.
Mais si c’est impossible,
Élevez votre cœur vers les cieux
Et, pareil à un mendiant affamé,
Demandez à ce qu’il soit comblé,
Et il le sera.
On peut vous jeter à terre,
Vous interdire de vous relever,
Mais personne, si ce n’est vous,
Ne peut vous empêcher
D’élever votre cœur au ciel.
Au plus profond de la misère
Vient parfois un rayon de lumière.
À celui qui prétend que
Rien de bon ne pourra sortir de cela
Je dis qu’il n’est pas encore prêt à écouter.
Les poèmes « Après les flammes » et « Refusez de tomber » (dont le titre originel était « Une prière ») sont extraits de The Faithful Gardener, A wise tale about that which can never die, par CP Estés, Harper Collins, ©1995, reproduits ici avec la permission de l’éditeur, et traduits par l’équipe de traducteurs qui ont participé bénévolement à la transcription de ce document en français.
COURTE BIOGRAPHIE
Psychanalyste diplômée (Certification IAAP, Zurich), spécialiste des incidents critiques et de la guérison post-traumatique, elle a développé un protocole de guérison psychologique pour soutenir les victimes de catastrophes traumatiques, entre autres après le séisme en Arménie, le séisme de Mexico City, le séisme de Los Angeles, les incendies et les inondations des Montagnes Rocheuses et leurs conséquences. Elle a servi 3 ans à la Columbine High School et dans la communauté, après le massacre, et a travaillé avec les familles survivantes des victimes du 11 septembre sur les côtes Est et Ouest des USA.
Le document que vous avez en main est son protocole complet, en format courrier, adressé au premier cercle des citoyens, des victimes, des survivants, des témoins, de leurs familles, aux personnels aidants, les anciens, les sauveteurs, les proches et autres personnes touchées.
Cette lettre vous apporte le fruit de 45 ans de pratique clinique ; des étapes utiles, efficaces et testées dans la durée pour guérir les traumatismes.
Si vous avez des questions alors que vous vous trouvez sur un site, vous pouvez également vous adresser aux groupes de première urgence, tels que la Croix Rouge ou autres unités spécialement formées, qui pourront souvent vous fournir des réponses détaillées.
-----CREATIVE COMMONS COPYRIGHT NOTICE for Post-Trauma Recovery Protocol by Clarissa Pinkola Estés, post-trauma specialist, certified psychoanalyst ©1970, 2014, All Rights Reserved under Creative Commons Copyright: This Protocol is educational, and may be utilized in full for non-commercial purposes under the proviso the entire Protocol is kept intact in full, and not added to nor taken away from. The Protocol is not psychotherapy nor medical advice and is not a substitute for seeking psychological and medical advice. For those, please seek the wise and qualified persons of choice in your community.
[Y mil gracias mis traductores valientes. dr.e.]
Traduit de l’Anglais (Etats-Unis) par Julien Drouet, Sandy Julien, Nathalie Huet et Pierre-François Huet.

lundi 8 juin 2015

Mon poème pour Senseï, : séminaire RCA , le 6 juin 2015
6 juin, DDAY, 6 juin jour de la PAIX